L’objectif de cette mission était de repérer, d’explorer et topographier les réseaux pénétrables d’un bout de massif qui doit être traversé par un tunnel.
Nous avons réalisé une topographie précise de toutes les cavités découvertes, et mené une étude détaillée sur la nature des sédiments ainsi qu’une évaluation des circulations hydrologiques, notamment lors des mises en charge souterraines en période de
mousson.
Une mission d’expertise d’une semaine pour le compte d’EDF International sur le karst de Khammouane (Laos central). Suite à un contact avec les responsables du chantier, une proposition d’intervention technique est rapidement
faite et acceptée. Notre équipe de 5 spéléologues, choisis pour leurs compétences spécifiques en topographie, escalade, karstologie est rapidement montée, et c’est le départ pour
Gnommalat, via Bangkok, et le
poste frontière de Thakkek sur les
bords du Mékong.
Le projet de la Nam Theun met en eau une importante cuvette (6,5 millions de m3) perchée sur le plateau de Nakay à
proximité de la frontière vietnamienne
et constituera ainsi une retenue de près de 450 km². Un débit d’environ 300 m3/s est turbiné pour la production électrique, essentiellement à destination
de la Thaïlande, 10 % environ
de la production étant réservé aux
besoins du Laos. Du pied du plateau
de Nakay, un canal de 27 km de
longueur restituera les eaux à la Xé
Bang Fai, affluent du Mékong. Or,
si ce canal suit essentiellement
des plaines, il traverse aussi un
petit chaînon karstique sur une
distance de 600 m au sud de la
ville de Gnommalat. Les premiers
travaux de percement se sont heurtés
à des difficultés techniques,
liées à la présence de cavités
partiellement remplies de sédiments
meubles. Au cours de cette
semaine, nous avons principalement
topographié le réseau NT2
(du nom du projet hydroélectrique
sur la Nam Theun) qui développe
2,2 km pour une dénivellation de
166 m. Il s’agit essentiellement de
galeries de 20 à 30 m de diamètre,
partant de plusieurs porches étagés
le long de la paroi amont et qui
descendent en forte pente vers une
série de points bas au niveau de la
zone noyée. Il ne semble pas rester
de possibilité évidente de prolongement
dans ce réseau. Une demi-douzaine
de cavités mineures appartenant au même système ont également été topographiées.
En plus de la faune souterraine
plus ou moins habituelle dans ces
régions (araignées de belles dimensions,
scutigères, vipère à corne,
chauves-souris…), nous avons
trouvé des empreintes fraîches
d’un ours, qui venait sans doute
s’abreuver au fond d’une cavité.
Il avait franchi un laminoir et deux
étroitures pour parvenir au fond de
la grotte où subsistait un lac en
saison sèche. Comme la localisation
des passages-clés n’est pas
évidente, nous pensons qu’il utilisait
le courant d’air pour se guider.